LES ENJEUX DE LA MOTIVATION DANS un ETABLISSEMENT de santé : Comprendre pour agir !

Connaissez-vous vraiment vos équipes ? Les responsables d’établissements se trompent souvent lorsqu’il s’agit d’apprécier ce qu’ils pensent et souhaitent. Construites sur des hypothèses erronées et des convictions faussées, les décisions ne peuvent alors qu’être imparfaites.

Après avoir évoquée dans le précèdent article « comprendre la motivation pour vaincre les résistances au changement », j’aborde cette fois la question suivante : La motivation est-elle un enjeu pour le professionnel ?

Voilà près de 20 ans que l’on constate une « vitalité frustrée » chez les professionnels de santé exerçant en établissement. Loin d’être indifférents ou démotivés ceux-ci semblent au contraire nourrir un grand désir d’agir et de changer les choses, que ne satisfait pas toujours les structures d’encadrements.

Si la motivation n’est pas le secret universel du bonheur pour l’individu, il faut bien reconnaître qu’être motivé par son travail est un réel avantage dans la vie, car en termes de temps et de relations sociales, le travail est souvent l’activité la plus prenante.

La majeure partie de sa vie se passe au travail, c’est donc l’endroit où peut concrètement se vivre la motivation. Néanmoins, pour l’individu, la motivation au travail n’est pas une nécessité absolue.

Motivation et travail ne sont pas nécessairement liés, et cette absence de lien n’est pas forcement grave pour l’individu. C’est en fait l’établissement qui est plus menacée par l’absence de motivation au travail.

La motivation pousse à agir, et ce plaisir à agir est en soi un enjeu. Mais il ne s’agit pas de n’importe quelle action. C’est une action à laquelle l’individu adhère profondément, qu’il reconnaît comme sienne, dans laquelle il se sent responsable et autonome.

Tout cela peut être résumé par deux mots : sens et reconnaissance. L’individu motivé par ce qu’il fait, trouve du sens à son action et en tire une double reconnaissance :

  1. Reconnaissance à ses propres yeux et c’est l’image de soi qui est en jeu,
  2. Reconnaissance aux yeux des autres, qu’ils soient réels ou imaginaires.

Le sens et la reconnaissance.

En effet, on ne peut attendre des salariés qu’ils soient motivés par leur emploi, si leur rôle dans l’établissement apparaît comme dénué de sens. Or ce sens, c’est autant à la structure qu’au professionnel de la donner. Ni l’un ni l’autre ne peuvent le revendiquer entièrement à moins d’aboutir à un divorce de fond, puis de fait : absentéisme, turn-over, démobilisation.

Tout le discours actuel sur la gestion des hommes par les valeurs va dans cette direction : offrir du sens pour déclencher la motivation qui sera en retour porteuses de sens, car faite de désir et d’aspiration mise en mouvement.

On peut néanmoins se demander si l’établissement qui veut « gérer les valeurs » ne se trompe pas parfois de niveau. N’offre-t-elle pas du « sens = objectif » alors que c’est du « sens = signification » dont les équipes ont d’abord besoin pour accroître leur motivation ? Le « sens = signification » est primordial pour adhérer au quotidien. Ce n’est qu’une fois ce sens donné que l’on peut être attentif à un « sens = objectif ». De plus le fait de ne pas commencer par s’assurer que le « sens = signification » est bien intégré, discrédite toute action au niveau du « sens = objectif »

L’autre enjeu de la motivation dans l’entreprise est la reconnaissance. C’est au travers du regard des autres que l’on se forge une image de soi. Cette demande de reconnaissance est en rapport avec le problème de l’identité et la vie relationnelle en général.

Dave Eugene Soper précise que « c’est l’identité de l’individu et c’est la cohérence qui fondent et qui organisent les informations qui vont servir à l’élaboration du projet professionnel. La capacité à élaborer un projet professionnel suppose donc d’abord l’existence et la permanence d’une identité personnelle, d’une conscience de soi ».

Le champ relationnel est celui où se joue la recherche de reconnaissance, elle-même en rapport avec l’identité. Adopter un comportement motivé face à une tâche revient toujours à rechercher, ou tout au moins, à attendre une reconnaissance.

Soit parce que l’on « s’auto-confirme » l’image que l’on a de soi, et que l’on se rassure donc sur ce sentiment de permanence lié à l’identité, soit parce que l’on demande aux autres de nous reconnaître.

Si la motivation laisse espérer la reconnaissance, c’est qu’elle est perçue comme une action « vraie » et donc révélatrice du moi réel.

Il vaut mieux une reconnaissance négative que pas de reconnaissance du tout. Le besoin de « caresses » c’est-à-dire de signes de reconnaissances est finalement un enjeu aussi important que la recherche du sens. Il s’agit du désir d’être reconnu pour ce que l’on est et pour ce que l’on fait.

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