Le risque iatrogénique : savez-vous expliquer précisément ce que c’est ?
Ce n’est pas faire offense que de reposer la question. Je suis souvent surpris par le flou qui entoure cette terminologie lorsque j’aborde la gestion des risques dans les établissements de santé ou les EHPAD…
Souvent considéré comme une erreur médicale le terme « iatrogène » vient du grec : Iatrov (médecin), genein (engendrer).
Selon le Petit Larousse, il renvoie à des évènements « provoqués par un acte médical ou par les médicaments, même en l’absence d’erreur du médecin ». L’iatrogénie englobe l’ensemble des évènements indésirables consécutifs à l’action médicale. Cette action pouvant être effectuée par des médecins, le personnel paramédical et tout personnel de santé habilité. Elle regroupe, selon le vocable utilisé dans la Loi du 4 mars 2002 :
- Les accidents médicaux,
- Les affections iatrogènes
- Les infections nosocomiales.
Elle ne se limite donc pas aux conséquences indésirables des prescriptions de médicaments, ou aux infections nosocomiales (comme beaucoup le croient encore), qui sont explorées spécifiquement en France par des enquêtes « un jour donné » ou des recueils de vigilance.
Le rapport de la conférence nationale de santé dès 1996 en donnait une définition technique : « Toute pathogénie d’origine médicale au sens large, compte tenu de l’état de l’art à un moment donné, qui ne préjuge en rien d’une erreur, d’une faute ou d’une négligence ».
Le concept complémentaire d’événement évitable permet de préciser le degré de maîtrise du système de santé dans sa prévention, en identifiant les événements qui ne seraient pas survenus si les soins avaient été conformes aux standards de pratiques.
Le Haut Comité de la santé publique, dans sa contribution de 1998 aux réflexions sur la lutte contre l’iatrogénie, ajoutait une dimension plus collective à la définition, en caractérisant l’iatrogénie comme les « conséquences indésirables ou négatives sur l’état de santé individuel ou collectif de tout acte ou mesure pratiqué ou prescrit par un professionnel habilité et qui vise à préserver, améliorer ou rétablir la santé ».
Nous trouvons une définition assez proche de celle de la Conférence Nationale de Santé et des études internationales existantes. Un événement iatrogène grave peut-être défini comme « un événement non désiré pour le patient, lié aux soins médicaux et répondant à certains critères de gravité » :
- S’il entraînait le décès,
- Mettait en danger la vie du patient,
- Nécessitait une hospitalisation ou la prolongation de l’hospitalisation,
- Ou était à l’origine d’une incapacité ou d’un handicap à la fin de l’hospitalisation.
L’intérêt grandissant pour la prise en compte et la gestion des événements indésirables, s’explique par la mortalité, la morbidité, la prolongation du séjour hospitalier et l’augmentation des coûts inhérents qu’ils engendrent, c’est pourquoi il faut préciser la liste des critères de détection d’un évènement iatrogène éventuel définis par la DREES dés février 2003 :
- Hospitalisation de référence non prévue, dont le motif est lié aux conséquences d’une prise en charge médicale dans les 12 mois,
- Atteinte physique non désirée survenue au cours de l’hospitalisation de référence,
- Évènement indésirable inattendu ou grave dû à un médicament,
- Infection liée aux soins,
- Ablation, lésion ou réparation non prévue d’un organe ou d’un tissu au cours ou consécutif à une procédure invasive, chirurgicale ou non, ou lors d’un accouchement par voie basse,
- Passage ou retour non prévu au bloc opératoire au cours de l’hospitalisation de référence,
- Accident aigu mettant en jeu le pronostic vital à court terme (arrêt cardiaque ou respiratoire …),
- Survenue d’un déficit neurologique non présent à l’admission,
- Lésion ou complication liée à une grossesse, à une interruption de grossesse, y compris les complications néonatales,
- Autres complications présentées par le patient (infarctus du myocarde, thrombose veineuse profonde, accident vasculaire cérébral, embolie pulmonaire…),
- Transfert non prévu dans un service de soins intensifs ou de réanimation,
- Transfert non prévu dans un autre établissement de santé de court séjour,
- Décès inattendu,
- Douleur ou impact psychologique ou social documenté,
- Autres évènements non désirés liés aux soins non pris en compte dans les précédents critères.